Incubateurs, accélérateurs, pépinières. l’offre d’accompagnement dédiée aux jeunes pousses a explosé au cours des dix dernières années au sein de la startup nation. Dans cette jungle, chacun vante sa solution. Adulés hier, les incubateurs ont-ils conservé leur intérêt ou sont-ils devenus obsolètes ?
Les incubateurs nés dans les années 1990 ont véritablement commencé à fleurir dans les années 2000, grâce au gouvernement et à la loi sur l’innovation et la recherche promulguée le 12 juillet 1999. En conséquence, le pays a clairement indiqué sa volonté de favoriser le transfert des découvertes scientifiques du public au public. Secteur privé. La première structure est naturellement née dans les universités et les sociétés cotées, et bientôt d’autres acteurs ont emboîté le pas, cette fois privés, encouragés par la croissance des start-up de 2000 à 2010.
Trente ans plus tard, on dénombre pléthore d’incubateurs sur l’ensemble du territoire, portés par des investisseurs fortunés , des banques des entreprises (Orange Lab) ou même des villes et ce, dans tous les domaines (IoT, développement durable, économie sociale et solidaire, médical…). Fin 2018, Bpifrance comptabilisait ainsi près de 270 structures de ce type sur le territoire français.
Un incubateur de startups, c’est un peu comme une couveuse… On y rentre avec une idée qu’on espère voir grandir et éclore en une belle startup. Ici pourtant, ni poussin ni dinosaure… au mieux, une future licorne qui ne le sait pas encore et devra apprendre à marcher avant de galoper.
Car avant toute chose, c’est un lieu au sein duquel se retrouvent des startups, toutes plongées dans un même bain, celui de l’entrepreneuriat et de l’inconnu qui l’accompagne. À commencer par la possibilité de se doter de locaux. Et profiter de « vrais » bureaux, « ce n’est pas rien lorsqu’on débute son entreprise et que ses moyens sont limités”, pour ne pas dire nul, estime Kévin Berkane, cofondateur de kialatok, qui a bénéficié du programme d’incubation d’HEC. Pourtant, se limiter à ce seul avantage transformerait les incubateurs simples espaces de coworking.
Structurer son idée en projet
La valeur ajoutée d’un incubateur tient en effet dans la formation et les ressources dont il dispose. Par principe, le rôle de l’incubateur est d’aider les porteurs de projets et les jeunes startups à peaufiner leur produit et structurer leur entreprise pour qu’elle ne mettent pas la clé sous la porte au premier virage un peu serré. Encore étudiants, Binta Gamassa et Martin Noël ont bénéficié de l’incubateur de l’Epita Lab pour développer leur idée d’entreprise,lokimo, un outil de cartographie en passe d’être commercialisé. Aidés par un professeur rodé au monde de l’entreprise, les entrepreneurs ont pu “identifier les points délicats de leur projet, mieux structurer leur business model et surtout apprendre à mieux vendre leur produit”.
Guillaume Vanneste, fondateur dekaradom , startup de services à la personne, et ancien dirigeant d’accélérateur de startups, n’a pas fait le choix de l’incubation pour son projet mais reconnaît le caractère “structurant de l’incubateur”, qui, agit comme un “lieu d’idéation où les entrepreneurs peuvent mûrir leur projet, vérifier la concurrence sur le marché, convertir leur idée en produit ou en service” explique-t-il. Certains incubateurs, dédiés à des projets techniques et digitaux, disposent même d’un Fablab qui permet aux startups de tester et d’améliorer leur prototype et leur technologie. Dans un second temps, l’incubateur joue un rôle d’entremetteur en favorisant les mises en relation avec les bonnes personnes et les bons prestataires.